Amadou Toumani Touré a eu sa médaille. d’après une idée originale de l’Union nationale des chambres consulaires du Mali, dans un stade plein à craquer de spectateurs ayant fait le déplacement pour assister à ce spectacle technicolor, grandiose, tout en sons et lumières, en direct et mondovision. Att a donc eu sa médaille, le pauvre, lui qui n’a cessé de distribuer, tout le long de cette année du cinquantenaire, ce que le confrère a appelé « denrée de dernière nécessité ». Il faut croire qu’une médaille fait toujours plaisir et ce n’est que justice qu’ATT qui en a donné 275 soit également distingué.
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rnMais il faut dire d’emblée que ce n’est pas pour cela seulement qu’on lui donne un titre honorifique. C’est surtout, selon ses généreux donateurs, parce qu’il a abattu un travail titanesque qui a permis aux Maliens de sortir de l’ornière, de retrouver la queue du diable, de redécouvrir le chemin du marché. Mais que va penser le citoyen lambda d’une bricole de 20 millions, d’une fête de plus de 200 millions, d’une mobilisation de huit régions et du district de Bamako, de la présence de diplomates et coopérants étrangers? Pas forcément quelque chose de bien. En effet, il va penser que les grands industriels et manufacturiers, les super commerçants et négociants, les propriétaires terriens et fonciers, les transporteurs et chargeurs, qui ont mis la main à la poche pour financer cet événement, doivent maintenant se consacrer à mettre de l’ordre dans la gestion de leurs affaires. Nous ne pensons pas à la manière, jugée par les délateurs peu orthodoxe de contourner les lois sur la fiscalité et les impôts. Il y a longtemps que le Malien ordinaire n’attend plus rien de potable de ces nombreuses taxes qui sont censées être investies pour le développement national et qui connaissent un autre usage. Nous pensons surtout qu’ils doivent sortir du grand capitalisme, même s’ils sont pour la plupart des relais et pions des grandes multinationales, sortir de cette logique de recherche effrénée de profits. Autrement dit, nos patrons doivent mieux traiter leurs employés, travailleurs, domestiques et ouvriers qui triment, à longueur d’heures, de jours et d’années pour qu’eux puissent dormir tranquilles. Ces employés, travailleurs, domestiques et ouvriers sont surexploités, sous payés et mal traités. Pourquoi, dans ce cas, acceptent-ils de trimer pour les autres, rétorqueront les adeptes du grand capital ? La réponse est toute simple : ils ont besoin, maintenant plus que jamais, de travailler. En effet, il y a longtemps que ces bras valides sont privés de leurs moyens de production naturels : la terre. Sous prétexte d’urbanisation et de crise de logement, on les exproprie pour construire des quartiers résidentiels et ériger des logements « sociaux » hors de leur portée. Avec l’excuse de créer de l’emploi, on les chasse de leurs terres pour construire des usines et manufactures dans lesquelles, pour travailler, il faut montrer patte blanche ou s’aplatir. On leur vole leurs champs, sous le premier prétexte fallacieux, et à leurs places, on aménage des plantations. Résultat : depuis des années, le paysan, à force de se voir privé de moyens de travail, est en train de se clochardiser et est traité de délinquant ou de criminel, exhibé dans les médias pour n’avoir commis que quelque menu larcin.
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rnCes braves trimeurs auront-ils un jour la médaille de la reconnaissance nationale pour sacrifice ultime? Cela ne devient-il pas de plus en plus difficile et compliqué, notamment depuis que leur plus ardent défenseur, l’honorable et honoré Oumar Mariko, élu député à l’Assemblée nationale par une foule d’opprimés, s’est retrouvé dans le cas très restreint de ceux qui peuvent se permettre d’accepter une médaille des mains de l’oppression ? Peut-être. Peut-être pas. Il faut croire que « Docteur Sadi » n’est pas docteur sadique et que, solidarité (c’est sa devise) oblige, il se battra corps et âme pour faire entrer le maximum de pauvres, chômeurs, déflatés, démunis, et autres spoliés dans le cercle très fermé des détenteurs de cette chère et précieuse médaille grâce à laquelle vos funérailles sont filmées et diffusées.
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rnMais celui qui a surpris le plus, c’est le médaillé lui-même. Il a tout simplement louvoyé. Accepter la médaille pour aussitôt la remettre au musée national. d’ailleurs, est-ce surprenant ? Att est en train de se spécialiser dans le renvoi de la patate brûlante. La médaille n’est pas la seule œuvre renvoyée par le grand homme. Rappelez-vous du fameux Code de la famille et des personnes.
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rnEn attendant, c’est sa création, le BVG, qui a des problèmes. Il parait que les termes qu’il utilise sont peu professionnels. Du coup, il a du plomb dans l’aile. Toutefois, il peut se redorer le blason, notamment en jetant un coup d’œil sur la fameuse médaille remise au musée. Histoire de vérifier que ce n’est pas une copie certifiée conforme à l’originale. Avec ces « pdesistes », tout est possible.
rnCheick Tandina
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